Test Marvel’s Spider-Man 2 sur PS5 : un jeu qui donne envie de tisser
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Carte maîtresse de la PS5 pour cette fin d’année 2023, Marvel's Spider-Man 2 a la lourde tâche de succéder à un premier volet qui a su séduire les foules. Pour ça, le studio Insomniac Games a décidé de jouer à fond la sécurité avec un jeu qui innove peu, mais qui se veut toujours aussi efficace dans ses mécaniques.
Nul doute que 2023 marquera l’histoire du jeu vidéo tant les excellents titres se sont succédé à une vitesse effrénée. Sony n’avait pas encore tiré sa grosse cartouche PS5, attendant patiemment le mois d’octobre pour sortir son blockbuster de fin d’année. C’est maintenant chose faite avec Marvel’s Spider-Man 2.
Attendu comme le messie par les amateurs de jeux d’action et les fans de l’homme-araignée, le titre d’Insomniac Games a pour ambition de reprendre ce qui avait fait le succès du premier volet en 2018, mais en faisant grimper le curseur d'un cran. Au menu : plus de quartiers à explorer, plus d’ennemis à affronter, mais aussi plus de Spider-Men à contrôler. Une proposition alléchante, mais la formule magique marche-t-elle toujours ? Car plus n'est pas forcément synonyme de mieux.
No sleep till Brooklyn
Quelques années sont passées depuis que Peter Parker (alias Spider-Man) a vaincu le Docteur Octopus et rencontré Miles Morales. Les deux Spidey sont désormais bien installés dans leur routine lorsqu’une nouvelle menace vient pointer le bout de son nez : Kraven. Son but ? Traquer et tuer tous les super-vilains de la grosse pomme. Bien évidemment, c’est à nos héros de l’en empêcher. Après un prologue qui nous en met plein les mirettes, nous voici lâchés dans un vaste monde à explorer.
Qui dit Spider-Man, dit New York. La ville qui ne dort jamais, indissociable de notre héros, sert encore une fois de théâtre pour nos aventures. Insomniac a fait le choix de reprendre tel quel le monde ouvert du premier volet, en ajoutant deux nouveaux quartiers : Brooklyn et le Queens. De quoi doubler la surface explorable et proposer des ambiances propres, à défaut d’apporter une vraie plus-value dans le gameplay. Une extension bienvenue qui ajoute du corps à la ville en plus de certains lieux emblématiques.
New York reste un formidable terrain de jeu qui regorge de mille choses à découvrir, que ce soient des easters eggs Marvel, des fresques murales, des monuments réels ou même des petits moments de vie. Quiconque est déjà allé faire le touriste sur place appréciera le travail effectué sur le visuel ou sur le sound design tout simplement parfait, avec ces échos si particuliers aux rues new-yorkaises. Rarement l’ambiance de la ville américaine n’avait été aussi bien retranscrite. Petit bonus, les stigmates de nos actions en jeu transforment petit à petit la carte. Par exemple, l’attaque de l’homme sable qui ouvre l’aventure fait de nombreux ravages… qui disparaissent au fil du temps. Cela donne une vraie crédibilité à l’univers et renforce la sensation d’avoir un impact sur le monde qui nous entoure.
Ce qui rend cette New York de poche si plaisante, c’est bien évidemment la possibilité d’y tisser sa toile et de voltiger à vive allure entre les gratte-ciels. Le système de déplacement était le gros point fort du premier volet et le reste dans ce Marvel's Spider-Man 2. S’il le reprend tel quel, il y ajoute une amélioration notable : les deltas-toiles. Ailes volantes débloquées dès le début du jeu, cette fonctionnalité permet de planer sur de longues distances, souvent aidé par des couloirs de vents qui donnent un petit coup de boost. C'est bien pratique pour traverser à vive allure l’East River, l'épine dorsale de la carte.
Il n’y a pas à dire, on prend un immense plaisir à se balader dans New York avec ce système, à tel point qu’on néglige volontairement le voyage rapide juste pour le plaisir de se balancer. C’est toujours un pied monstre de filer à fond des ballons entre les immenses building de Midtown ou au-dessus des quartiers résidentiels du Queens !
Le tout est servi par un visuel de grande qualité. Exclusif à la PS5, Marvel's Spider-Man 2 est un titre purement new gen qui apporte de nombreuses améliorations graphiques par rapport à Spider-Man Remastered et Miles Morales. Les visages sont plus détaillés, les rues plus animées, les effets de lumière plus travaillés et le ray-tracing présent dans les deux modes (Performance et Fidélité), ce qui nous donne une New York plus jolie que jamais. On est souvent sur le popotin, s'arrêtant pour admirer le paysage. Cela arrive lorsqu'on se balade dans le célèbre parc d’attractions de Coney Island, quand on voltige au-dessus de Times Square ou quand on aperçoit la ligne d’horizon en survolant l’East River au coucher du soleil. Bref, un bel ouvrage technique. Plus encore, le SSD ajoute une vraie plus-value en termes de temps de hargement, qui sont tout simplement inexistants, même quand on passe d'un bout à l'autre de la carte.
On prend les mêmes et on recommence
Attaquons maintenant le cœur de ce test, c’est-à-dire le gameplay. On pourrait résumer toute cette partie en une phrase : si vous avez joué à Marvel's Spider-Man 1, vous avez joué à Marvel's Spider-Man 2. Insomniac sait pertinemment que sa recette marche, alors pourquoi en changer ?
Ce nouveau volet reprend tout ce qui fait le sel de son prédécesseur en se contentant de l’améliorer par petites touches. On retrouve cette structure si familière, avec des missions principales ultra scriptées qui frisent souvent le grand-guignol (pour notre plus grand plaisir) et ces petites missions annexes réparties par quartiers. Elles consistent à arrêter des crimes, à fouiller les caches du rôdeur, à analyser les cristaux de Marko ou encore à récupérer les Spider-Bots disséminés çà et là. Il y a de quoi faire !
Elles ont deux mérites : proposer une certaine variété (combat, récolte, énigmes, voltige) et une durée relativement courte, n’excédant que rarement les trois minutes. En se baladant en ville, on enchaîne les activités comme des bonbons, oubliant la précédente dès qu’on commence la suivante. C’est plaisant et on ne s’ennuie jamais, même si nous avons déjà joué à ça mille fois.
Ce second volet a au moins de mérite de proposer des missions annexes plus intéressantes que d’autres, voire carrément scénarisées comme des aventures à part à l'image de la traque de la secte de la Flamme ou des quêtes dans le lycée de Miles. On aurait aimé que cet aspect soit plus développé, tant ces phases apportent un vrai plus aux vies de nos héros, mais elles se montrent malheureusement trop rares. La plupart du temps, les autres activités se contentent du minimum niveau narration.
Le système de combat est lui aussi repris du premier volet, lui-même inspiré par celui de la série Batman Arkham. Aux commandes de notre Spidey, on enchaîne les bagarres contre un grand nombre d’ennemis, à base de combos, de jauges à remplir et d’esquives (signalées par une animation sur la tête de notre héros). Le tout donne toujours des chorégraphies nerveuses, souvent brouillonnes mais diablement exaltantes. Presque un jeu de rythme qu’on déroule sans réfléchir. Ces combats offrent une vraie sensation de progression au fil de l’aventure grâce un arbre de talents (qui se remplira complètement au cours du jeu) et aux améliorations d’objets. Oui, c’était déjà le cas dans Spider-Man 2018 et c’est toujours le cas en 2023.
La nouveauté réside dans les objets et les pouvoirs, activables avec L1, R1 et les touches de façade (croix, carré, rond et triangle). Différents entre les deux Spidey, ces pouvoirs viennent un peu pimenter les affrontements et peuvent vous sauver la mise en cas de situation critique, sans pour autant révolutionner leur physionomie. Le symbiote, tant mis en avant dans le marketing, apporte un peu d'originalité avec des capacités qui donnent une vraie sensation de puissance. Bref, un système de combat efficace qui nous met dans nos petits spider-souliers, mais qui reste timide sur les innovations.
Arrivant au milieu de l’aventure, le symbiote apporte son grain de sel dans les bastons… mais c'est tout. Là encore, on aurait espéré un peu plus de folie, avec des capacités propres dans les déplacements ou dans les phases de furtivité. Lors des missions principales, il y a quelques moments où cet élément alien est pleinement exploité. Malheureusement, en plus d'être scriptés, ils sont trop rares et trop courts. Frustrant.
Les phases de furtivité sont elles aussi similaires à celles de 2018, mais agrémentées de petits ajouts comme le filin de toile. Sympathique, il permet une plus grande liberté d’action en créant nous-mêmes nos refuges en hauteur. Encore une fois, tout est peaufiné à la perfection et plaisant à jouer, sans être révolutionnaire.
Enfin, on apprécie une aventure mieux rythmée que celle du premier volet. Insomniac maîtrise son sujet et jongle habilement entre scènes épiques, furtivité et moments de calme. Spider-Man 2 a le mérite de nous proposer des situations originales qui arrivent à nous surprendre, ou même des moments intimistes où l’on explore la psyché de nos deux héros. De quoi un peu casser la spider-routine. Des petites fulgurances qui ne vont jamais bien loin, mais qui apportent un peu de frais dans une trame beaucoup trop convenue.
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Plan à deux
Il ne vous aura pas échappé que dans ce Marvel's Spider-Man 2, nous n’incarnons pas un, mais deux héros : Peter Parker et son protégé Miles Morales. La promesse d’Insomniac est de nous faire passer de l’un à l’autre de manière fluide, que ce soit dans les missions principales ou dans l’open world. Le modèle qui vient tout de suite en tête est indubitablement GTA 5, qui jonglait avec malice entre ses trois protagonistes. Malheureusement, le jeu de Sony se montre beaucoup moins inspiré que celui de Rockstar, qui a pourtant dix ans dans le museau.
Premièrement, niveau gameplay, on regrette l’absence de différences marquées entre les deux Spidey. Mis à part des pouvoirs propres à utiliser lors des combats (à améliorer via des arbres de talents séparés), Miles se joue comme Peter, que ce soit dans les phases de furtivité, de combat ou de voltige. Oui, l'extension Miles Morales proposait le même gameplay que le jeu de base, mais ce deuxième volet aurait été l'occasion de bousculer les codes et on aurait apprécié que le studio prenne un peu plus de risques en la matière. Quitte à équiper un des Spidey de delta-toiles, pourquoi ne pas avoir donné à l'autre un gadget différent pour se déplacer ? Là encore, le symbiote aurait pu apporter quelque chose de vraiment unique au gameplay de Peter, mais ce n'est pas le cas. Un acte manqué au goût amer.
Deuxièmement, jongler de l’un à l’autre se montre rapidement artificiel. Oui, il est possible de switcher en un clin d’œil, mais nous nous retrouvons dans les bottes de l'autre héros quasiment au même endroit, sans la sensation de l’avoir surpris en plein milieu de l’action. Nous sommes loin d’un GTA V où chaque personnage vit sa vie et où il était possible d'atterrir aux commandes d'un Trevor alors en pleine course-poursuite à l’autre bout de la carte. Ce genre de détails donnent de l’épaisseur aux personnages, et c’est ce qui manque à ce Spider-Man 2. Pire encore, il est impossible de croiser Miles ou Peter au hasard d’une rue, de le voir voltiger et faire sa vie pendant qu’on accomplit nos missions. Les seules rencontres « aléatoires » ont lieu pendant les crimes (et les missions principales, évidemment) et sont en réalité scriptées. Dommage, car tous ces éléments mis bout à bout font que cette fonctionnalité sonne un peu faux.
Troisièmement, jongler entre notre duo ne trouve son intérêt qu’au niveau de l’histoire. Si beaucoup de missions annexes peuvent être complétées par les deux, certaines sont propres à Miles ou à Peter (même chose pour les principales). De fait, on ne change pas par envie ou parce qu’on a besoin de telle ou telle compétence sur le moment, mais seulement par obligation.
Oui, l’idée d’incarner deux Spider-Man est intéressante sur le papier, mais elle n’arrive jamais à trouver un véritable intérêt autre que pour faire avancer le scénario. Il est dommage de ne pas avoir exploité davantage les différences entre nos deux héros, de ne pas avoir apporté plus de spécificités voire carrément de proposer des styles de jeu opposés (nous le répétons, le symbiote aurait été l'excuse parfaite). Encore une fois, la comparaison avec GTA 5, où chaque personnage a ses caractéristiques et ses routines propres, n’est pas en faveur du jeu d’Insomniac. En résulte une fonctionnalité sympa, mais sans plus : on ne fait qu'incarner notre Spidey préféré pour ne passer à l’autre qu’en cas de besoin.
Plus encore, cette double incarnation ne semble pas vraiment assumée par le jeu en lui-même. Dans l’histoire principale, les deux personnages semblent évoluer chacun de leur côté, vivant presque deux scénarios parallèles. Certes, on aime découvrir le passé de Peter et accompagner Miles dans ses choix moraux, mais nous aurions aimé plus de complicité entre les deux protagonistes. Leur rencontre lors de moments clés ne dégage aucune alchimie, presque comme s’ils étaient des étrangers l’un pour l’autre. Un “exploit” d’autant plus grand que tout cela est servi par une VF d’excellente facture avec des acteurs qui s’investissent à fond. Ici, le problème vient de l’écriture.
Enfin, on déplore un certain déséquilibre dans le scénario principal, Peter étant bien plus mis en avant que Miles qui se contente d’être un simple spectateur de l'aventure. La faute à la présence du symbiote, qui met le Spider-Man original au centre de tout et laisse son acolyte sur la touche. L'histoire est par ailleurs bien trop lisse et prévisible pour vraiment nous tenir en haleine, malgré quelques phases de gameplay qui tentent parfois de surprendre.
Un jeu réussi, mais un peu tiède
Marvel’s Spider-Man 2 est un jeu vidéo réussi, c’est indéniable. On prend plaisir à voltiger, enchaîner les missions et atteindre les 100% sans voir le temps passer. Oui, on s’amuse constamment et on ne s’ennuie jamais. Sony tient son gros blockbuster de fin d’année, un titre de qualité qui plaira aux foules.
Le jeu est calibré comme pourrait l’être un bon film Marvel Studios : jouissif sur le moment, oublié dès le générique de fin. On avance mécaniquement, terminant notre journal de quêtes comme un cocherait une liste de course, remplissant les arbres de talents sans vraiment y prêter attention, s’accrochant à notre manette dans les missions scriptées jusqu’à l’extrême… Oui, on s’amuse, mais on passe aussitôt à autre chose une fois la console éteinte. En vérité, la seule chose qu’on retiendra de ce Spidey 2 est exactement ce qu’on a retenu de Spidey 1 et de Miles Morales : son système de voltige jouissif et une New York plaisante à explorer, rien de plus. Est-ce vraiment un mal ?
Il faut prendre ce Marvel’s Spider-Man 2 pour ce qu’il est : un énorme blockbuster pop-corn qui ne souhaite que nous divertir. Sur ce point, c’est une réussite totale pour le studio Insomniac qui remplit brillamment sa mission. Qu’importe qu’il s’agisse presque d’un Spider-Man 1.5 ou qu’il n’innove quasiment pas, ce n’est clairement pas le but. En résulte un titre calibré à l’extrême, que ce soit dans sa structure, ses mécaniques ou dans son histoire, mais qui réussi à nous accrocher pendant une trentaine d’heures. C'est déjà pas mal.
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Bien qu’il soit sans grande imagination ni prises de risques, Marvel’s Spider-Man 2 arrive tout de même à nous happer grâce à son gameplay peaufiné à l’extrême et à son système jouissif de voltige. Oui, on peut regretter des mécaniques peu innovantes reprises du 1, une histoire tiède et un système de double Spidey pas vraiment pertinent, mais jamais on ne s’ennuie jusqu’au générique de fin. Pari réussi, donc. Un bon jeu vidéo qui ne marquera sans doute pas le média, mais qui saura plaire à ceux qui veulent juste une aventure pop-corn bien menée.
- Une New York plus vivante que jamais
- La voltige, toujours le gros point fort du jeu
- Le système de combat, aussi simple qu’efficace
- Certaines missions annexes vraiment cools…
- La taille du terrain de jeu doublé
- VF de très grande qualité
- Scénario oubliable
- Trop peu d’améliorations dans le gameplay, c’est Marvel’s Spider-Man 1.5
- On aurait aimé une différence plus marquée entre les deux héros
- … mais d'autres peu palpitantes
- Aucune prise de risque, tout est calibré à l’extrême pour plaire au plus grand nombre
- Le symbiote aurait pu être mieux exploité