La Russie ordonne à Google de bannir les VPN des résultats de recherche

La Russie compte bien renforcer son contrôle sur l'internet de son pays. Pour échapper les Russes d'accéder à d'autres sources d'informations que celles validées par le gouvernement, le régulateur russe des télécommunications vient d'ordonner à Google de retirer des dizaines de milliers de liens dirigeant vers des VPN dans les résultats de recherche. 

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Crédits : Unsplash

Depuis de nombreuses années maintenant, la Russie fait tout en son pouvoir pour renforcer autant que possible son emprise sur le réseau internet national. Pour le gouvernement, il est hors de question que des citoyens russes puissent accéder à des sources d'informations autres que celles validées par les autorités.

Après la presse russe, au tour des VPN

Cette lutte pour le contrôle de l'information en ligne a pris de l'ampleur en 2012, avec l'adoption d'une loi permettant au pouvoir russe de dresser une liste noire et de bloquer les sites web, les publications et les organes de presse en ligne qui osaient afficher des opinions différentes de celles du Kremlin. Cette prérogative a été étendue ensuite aux contenus protégés par le droit d'auteur, puis en 2017, la Russie a introduit une nouvelle législation pour surveiller et bloquer les VPN. Plus précisément, cette loi n'interdit pas en soit l'utilisation d'un VPN, mais elle empêche de s'en servir pour consulter des contenus bloqués par les autorités russes.

Et en juillet 2021, cette main mise sur internet a été renforcée avec la signature d'une nouvelle loi qui permet au gouvernement d‘accéder aux serveurs des fournisseurs de VPN et de serveurs proxy anonymes, les fameux anonymiseurs. En d'autres termes, ces sociétés devront fournir les données personnelles des utilisateurs à la Roskomnadzor (le régulateur des télécoms russes) et restreindre l'accès aux sites web interdits par les autorités.

Bien entendu, la Roskomnadzor a poursuivi sa lutte contre les nombreux VPN non-enregistrés dans le pays ou qui opèrent depuis l'étranger, en organisant une vaste campagne de déférencement sur les moteurs de recherche. Voilà pourquoi Google a bloqué des VPN populaires comme NordVPN sur le territoire russe en septembre 2021.

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Une censure exacerbée depuis le début de la guerre

Or et depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, contrôler l'information diffusée au peuple russe revêt une importance capitale. Plusieurs dispositions ont d'ores et déjà été prises pour museler les sources d'informations non-officielles, comme la loi “Fake News” qui permet au gouvernement de jeter en prison les journalistes qui s'éloignent du discours du Kremlin et de bloquer les sites qui les emploient. Autant dire que depuis que cette loi a été adoptée, les communiqués de presse du pouvoir sont devenus la principale source “d'informations” pour la population russe.

Malgré tout, des citoyens ont tenté de s'informer depuis des sources étrangères, comme en témoigne l'explosion de la demande en VPN depuis les prémices du conflit. Cependant, la Roskomandzor compte bien endiguer ce phénomène. Comme nous l'apprennent nos confrères du site Torrent Freak, le régulateur des télécommunications a exigé de la part de Google de supprimer des dizaines de milliers de liens redirigeant vers des VPN dans les résultats de recherche. Un premier avis a été envoyé à Google le 22 février pour retirer 746 URL liés aux VPN dans son moteur de recherche en Russie. La veille de l'invasion, d'autres avis ont été publiés, visant cette fois-ci 1300 URL supplémentaires. La Roskomandzor a poursuivi sur cette lancée :

  • 1267 URL le 28 février
  • 2 228 ULR le 1er mars
  • 1 852 URL le 2 mars
  • 2 258 ULR le 4 mars
  • 5 540 URL le 5 mars
  • 2 170 URL  le 8 mars

Malheureusement, il est impossible pour nous de savoir quels sont les services et sites qui ont été bannis des résultats de recherche en Russie. À cause de la loi “VPN”, Google a l'interdiction d'en dévoiler la liste détaillée. “Google a reçu une demande du Service fédarale de supervision des communications, des technologies de l'information et des médias de masse pour supprimer plus de 2 170 URL de la recherche web en Russie”, peut-on lire dans l'une des notifications adressées au géant du web américain. “Nous ne sommes pas en mesure de publier la liste complète des URL en raison de la loi russe (ordre Roskamnadzor #217, annexe 3, daté du 25 octobre 2017″, rajoute la firme de Mountain View.

À lire également : Meilleur VPN 2022 – comment bien le choisir ?

Sortir l'internet mondial, la dernière carte

Pour rappel, le Kremlin a encore une carte joué dans cette guerre pour le contrôle total de l'internet russe : sortir du réseau internet mondial au profit de son propre “réseau souverain”. Depuis trois ans maintenant, la Russie cherche à développer son propre internet interne, restreint et hautement censuré, totalement coupé du monde extérieur.

Il n'y a pas besoin d'un filtrage international global, il n'y aura tout simplement pas de trafic externe par défaut, sauf à travers des passerelles sous le contrôle total de Rostelecom and Co”, assure Alexey Shkittin, homme de loi russe et défenseur des libertés sur le web. Vous l'aurez compris, la Russie dispose encore d'une arme redoutable pour faire taire les voix dissidentes dans ses frontières.


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