Le gouvernement veut faciliter l’accès à internet aux détenus dans les prisons !

Voilà une information pour le moins surprenante. Le gouvernement envisage de mettre en place un système qui permettrait aux détenus d'accéder facilement à internet dans les prisons. Evidemment, tout ceci ne se ferait pas sans contrôle, l'objectif étant de faciliter la réinsertion des prisonniers.

C'est dans le cadre du projet de loi numérique que le gouvernement fait cette proposition. Il prévoit la “mise en place d’un accès sécurisé et contrôlé [à Internet] pour les personnes détenues ».

Concrètement, les détenus pourront avoir accès à internet pour s'informer, effectuer des démarches de recherche d'emploi ou envoyer des emails. Par ailleurs, le gouvernement souhaite mettre en place des outils de formation en ligne pour les détenus comme par exemple des formations à la programmation informatique. Comme dans les écoles.

Pour justifier son projet, le gouvernement explique que cet accès aux outils numériques est “une condition indispensable” à la réinsertion des détenus mais aussi et surtout à la prévention de la récidive. Oui mais il y a aussi des risques.

Limitations et contrôle sont indispensables

Evidemment, aux vues des possibilités infinies qu'offre internet, certains détenus pourraient continuer d'organiser leur réseau ou tout simplement communiquer avec des personnes situées à l'extérieur de la prison. Mais le gouvernement dit avoir tout prévu et parle par exemple d'un “accès limité et sécurisé à internet ou à une messagerie électronique”.

Un projet dont peut se féliciter le Contrôleur général des prisons, qui expliquait déjà en 2011 que la mise en place d'un accès internet pouvait se faire dans les prisons à condition que des limitations et des contrôles stricts soient mis en place.

Il expliquait par exemple que les ordinateurs devraient tous se situer dans une même pièce, une sorte de salle informatique, placée sous la surveillance de gardiens. Quant à l'accès à la toile, certains sites seulement seraient autorisés.

En ce qui concerne les emails, qui sont certainement les outils les plus difficiles à surveiller mais aussi les plus à risque, le Contrôleur général des prisons affirmait qu'un contrôle similaire à celui appliqué sur les courriers papier devait être mis en place. En clair, il y aurait “un contrôle préalable des messages” avant envoi et dès réception.

Pour le moment, le gouvernement n'a donné aucune information sur la date de mise en oeuvre de cette mesure ni même le nombre d'établissements qui seront concernés. Néanmoins, il semble déterminé puisqu'il affirme lui-même que “la France est en retard dans ce domaine” et que le Royaume-Uni, la Norvège ou même les Etats-Unis proposent déjà des services de e-learning, un accès à internet sécurisé ou encore des services de messagerie électronique.

Un débat houleux se prépare

Evidemment une telle mesure ne sera pas soutenue par tous les représentants politiques, ni même par tous les citoyens. Les défenseurs du projet expliqueront certainement que mettre à disposition internet dans les prisons c'est prendre le contrôle sur des technologies que les détenus utilisent déjà de manière clandestine et sans limite.

Ils pourront également mettre en avant que c'est un outils qui permettra d'accompagner les détenus sur la voie de la réinsertion, notamment grâce à un accès plus simple aux démarches de recherche d'emploi ou de formation.

Mais si dans l'idée le projet n'est pas mauvais, les détracteurs pointeront du doigt plusieurs points, principalement celui du coût. Un tel dispositif nécessite du matériel, des investissements, du personnel pour la surveillance ou encore la maintenance. Des budgets qui s'envolent rapidement.

Certains n'hésiteront pas à rappeler que les moyens informatiques mis en place dans les écoles sont loin d'être suffisants pour permettre aux élèves d'accéder efficacement aux outils numériques, et que la priorité se situe sans doute ici. Et de reprendre la formule bien connue de Victor Hugo : “Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons”.

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