Comment les mafias blanchissent des milliards en cryptomonnaies sans se faire repérer

Et si les mafias du XXIe siècle préféraient le minage de crypto au trafic de sacs en cuir ? Un rapport de l’ONU lève le voile sur des empires numériques conçus pour blanchir l’argent sale… et ça tourne à plein régime.

pirate cryptomonnaie bitcoin
Crédits : 123rf

Selon un récent rapport de l’ONU, des groupes criminels asiatiques ont construit des écosystèmes crypto sur mesure pour blanchir des milliards de dollars. Basées en Myanmar, au Cambodge et au Laos, ces organisations ne se contentent plus des banques traditionnelles. Elles ont développé leurs propres monnaies, blockchains et plateformes d’échange, transformant le crime financier en une industrie high-tech.

Le rapport « Point d’inflexion » détaille comment ces réseaux ont industrialisé leurs opérations. Leur fer de lance : Huione Guarantee (rebaptisé Haowang), une plateforme cambodgienne qui a traité 24 milliards de dollars de transactions frauduleuses entre 2021 et 2024. Avec sa blockchain maison (Xone Chain) et sa crypto dédiée, elle compte aujourd’hui plus de 970 000 utilisateurs. Une croissance alimentée par des méthodes bien rôdées : escroqueries de type « pig butchering » (arnaques à l’investissement progressif) et deepfakes générés par IA. Résultat ? Près de 40 milliards de dollars détournés chaque année.

Blanchiment 2.0 : mining sauvage et fuite vers l’Afrique

Pour blanchir cet argent, les mafias misent aussi sur le minage crypto… mais pas légalement. En volant de l’électricité et en opérant hors réseau, elles produisent des actifs numériques « propres » et quasi intraçables. En mars 2025, les autorités thaïlandaises ont ainsi découvert 63 machines illégales dans la province de Pathum Thani, responsables d’un vol de 300 000 dollars d’électricité.

Face aux contrôles en Asie, ces groupes étendent désormais leur empire vers l’Afrique, l’Amérique du Sud et l’Europe de l’Est. En décembre 2024, un coup de filet au Nigeria a mené à l’arrestation de 792 personnes liées à des scams crypto. « Ça se propage comme un cancer », alerte Benedikt Hofmann de l’ONU. « Les racines ne disparaissent jamais, elles migrent ».

L’ONU appelle à une réponse internationale urgente : renforcer la traçabilité des flux financiers, améliorer le partage de renseignements entre pays et récupérer les actifs volés via des collaborations transnationales. Sans cela, ces cartels 2.0 risquent de transformer le système financier en leur terrain de jeu… version 100% anonyme.


Abonnez-vous gratuitement à la newsletter
Chaque jour, le meilleur de Phonandroid dans votre boite mail !
Réagissez à cet article !
Demandez nos derniers  !