Orange : face aux menaces de l’ARCEP sur la fibre, l’opérateur contre-attaque !

Lundi l’Arcep attaquait Orange de plein fouet sur le terrain de la fibre. L’opérateur historique est accusé par l’organisme de régulation d’abuser d’un monopole pour le déploiement de la fibre en France. L’Arcep envisage de prendre des mesures drastiques. Orange, très en colère, contre-attaque.

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Le début d’année est mouvementé du côté d’Orange. L’opérateur historique a dû constater dans la presse que l’Arcep l’avait dans le collimateur. Sébastien Soriano, président de l’organisme de régulation, a lancé un pavé dans la marre lors d’une interview accordée à nos confrères des Echos. Il a tout simplement pointé du doigt un monopole d’Orange sur la fibre et souhaite renforcer la régulation sur ce secteur.

Le régulateur estime qu’il faudrait “attaquer les derniers bastions” du monopole d’Orange. Sébastien Soriano considère en effet que ses concurrents SFR, Free et Bouygues Telecom ne se battent pas à armes égales actuellement sur le marché de la fibre. Ces derniers accusent Orange de profiter de son passif d’opérateur historique et de ses infrastructures déjà en place (les lignes de cuivre) pour détenir aujourd’hui les trois quarts du marché de la fibre.

L’Arcep et les concurrents d’Orange semblent donc d’accord pour parler d’un risque de monopole d’Orange à l’avenir. Ainsi, MAxime Lombardini, directeur général de Free expliquait à nos confrères des Echos :

Le régulateur fait son travail. Il tente de rééquilibrer le marché en prenant des mesures de bon sens. Des ajustements techniques indispensables.

Orange contre-attaque !

C’est assez logique, de son côté Orange n’a absolument pas le même point de vue que l’Arcep. L’opérateur ne décolère pas et estime que le discours tenu par le régulateur est totalement incompréhensible. Car d’un côté, il demande à ce que les investissements s’accélèrent sur la fibre, mais de l’autre il propose des orientations qui vont faire ralentir Orange, juste pour laisser la place aux concurrents.

Par ailleurs, Orange souligne que les dispositions envisagées par l’Arcep sont contraires aux recommandations de l’Union Européenne. Ainsi, Pierre Louette, directeur général d’Orange explique :

On ne peut pas envisager sérieusement d'être régulé sur la fibre au moment où Bruxelles invite à moins la réguler pour pousser le déploiement du FTTH (fibre jusqu'à l'abonné, NDLR) et le co-financement. Je ne vois pas très bien comment on peut se mettre autant en contradiction avec des orientations européennes claires, d'autant plus si on prône une harmonisation hors la loi.

Un avis partagé par Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC de l’opérateur. Il estime pour sa part qu’Orange n’est plus un opérateur détenu par l’Etat et qu’à se titre il part à égalité avec ses concurrents. Il déclare ainsi :

Orange, n'est plus un monopole d'Etat. Il est détenu majoritairement par des fonds de pension, en grande partie américains. Le choix d'imposer à Orange des obligations nouvelles sur ses investissements dans la fibre conduira à une augmentation de la pression des actionnaires majoritaires (l'Etat n'a que 22% et les salariés 5%) pour qu'Orange arrête d'investir sur la fibre en France et privilégie d'autres pays où la rentabilité est meilleure, comme l'Espagne…

Oui, vous l’avez compris, si l’Arcep met trop de bâtons dans les roues à Orange, l’opérateur ralentira les investissements dans la fibre et reportera les sommes injectées sur des marchés où il peut travailler sereinement.

Les concurrents de mauvaise foi ?

Les déclarations de l’Arcep sont d’autant plus étonnantes que tous les opérateurs ont pu développé leur réseau de fibre à partir du même moment. Mais tous n’ont pas adopté la même stratégie. Si Orange a maintenu des prix toujours plus élevés que ses concurrents c’est pour continuer à investir dans les infrastructures et proposer des services annexes.

Free de son côté a choisi de se lancer sur le marché des opérateurs mobiles en cassant les prix. Il doit donc développer son réseau mobile en partant de zéro et ne peut pas, avec les tarifs qu’il applique, investir à la fois dans le mobile et la fibre. L’opérateur a fait choix, celui du mobile. La fibre avance donc très lentement.

SFR a de son côté choisi de développer un réseau de câblé et non en fibre FTTH. L’opérateur au carré rouge profite des infrastructures de Numéricable suite au rachat. Là encore, il s’agit d’une stratégie du groupe qui a décidé de communiquer sur la fibre alors qu’il propose du câble.

Les autorités ont fini par intervenir pour interdire la mention de “fibre” lorsque l’on parle de cette “fausse fibre”. Bouygues Telecom a de son côté fait le choix de se reposer sur les infrastructures de SFR pour utiliser le réseau câblé.

On constate donc bien que chaque opérateur a fait des choix stratégiques différents. Mais à aucun moment ils n’ont été empêchés d’en adopter une autre. Il est donc difficile de comprendre la position de l’Arcep dans toute cette affaire.

Loin de nous l’idée de défendre Orange, car ce qui est essentiel selon nous, c’est que le réseau fibré se développe. Et en ralentissant Orange, c’est finalement l’utilisateur qui sera puni.


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